De la géothermie à Saint-Cloud ?

Un modèle rueillois inspirant.

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Voici une question que j’ai posé lors du conseil municipal à Saint-Cloud le 9 février 2023.

Question

Chers collègues, je souhaite aborder avec vous le sujet de la géothermie profonde et de son applicabilité à Saint-Cloud.

Contexte

La chaleur représente la moitié de notre consommation d’énergie. La géothermie profonde est une source d’énergie renouvelable abondante dans notre région. Déjà 58 installations en Ile-de-France exploitent, ce qu’on appelle, l’aquifère du Dogger (une couche géologique située entre 1600m et 1800m de profondeur).

De plus en plus de communes investissent dans des infrastructures de ce type, couplées à des réseaux de chaleurs urbains pour chauffer : les logements, les bâtiments publics, et les entreprises.

Cette démarche est soutenu par l’état, par la région, par l’ADEME et par le BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières). La volonté du gouvernement est forte puisque, je cite Agnès Pannier-Runacher (ministre de la Transition énergétique) :

L'objectif est de produire d'ici 15 à 20 ans suffisamment de chaleur géothermale pour économiser 100 TWh/an de gaz, soit plus que les importations de gaz russe avant 2022.

Agnès Pannier-Runacher

Note: Selon la Commission de régulation de l’énergie (CRE), on consomme en moyenne entre 11000 et 12000kWh de gaz par an et par foyer en France en 2022. (source)

L’Exemple Rueillois

En 2022 nos voisins de Rueil-Malmaison ont mis en marche un système de chauffage centralisé à base de géothermie. Sa capacité est de 12000 équivalents-logements et il permet de maîtriser la facture d’énergie.

C’est un exemple inspirant et je vous propose de vous arrêter un instant pour en brosser le portrait, afin d’en démystifier le principe et le financement.

Principe : côté production

Il y a une centrale géothermie et une centrale à gaz pour faire l’appoint.

Cette partie production géothermie occupe au moment des études une surface au sol de 5000m². Sachant qu’une fois terminée cela se réduit à 2500m² en tout ; dont une partie bâtie qui fait environ 1000 m² au sol. Il y a un traitement acoustique: ça ne fait pas de bruit.

Je ne doute pas qu’en ayant l’esprit un peu ouvert, nous parvenions collectivement à identifier un site à Saint-Cloud.

Principe : côté distribution

L’eau chaude produite, alimente le circuit de distribution dans la ville ; qu’on appelle aussi réseau de chaleur.

C’est tout simplement des tuyaux qui passent en général dans le sol, sous la chaussée, que l’on ouvre le temps des travaux sur 1,5m de large. Ces travaux peuvent aller assez vite. A Rueil-Malmaison, sur ~20 km de réseau de chaleur prévue, 10 km ont été fait en 1 an.

Principe : côté consommation

L’usager se connecte au réseau de chaleur par un système de sous-station. Cela remplace une chaudière et c’est d’ailleurs un peu plus petit.

L’usager alimente ainsi, selon ses besoins, l’eau chaude sanitaire (ECS) et le chauffage collectif.

Performance du système

Grâce à la géothermie profonde, on arrive à un mix énergétique de 65% de renouvelable (en circuit court) et 35% de gaz.

c’est bon pour protéger le porte-feuille des habitants et des acteurs locaux
c’est bon pour la souveraineté du pays
c’est bon pour le bilan carbone

Le financement

J’en arrive à la question que tout le monde se pose : l’investissement à Rueil-Malmaison a un coût total de 70 M€. C’est financé comme suit.

20 M€ de subventions via le fond chaleur (ADEME + Région)

Pour la partie production, une société du nom de GéoRueil a été créée. C’est une SAS LTE (loi de transition énergétique; article 109 pour les currieux) dont le capital est réparti entre :

environ 75% pour le partenaire industriel, en l’occurence ENGIE.
10-12% pour la ville de Rueil-Maison qui a réalisé un apport en nature sur le foncier. Le terrain est prêté par une sorte de bail emphythéotique” d’une durée de 30 ans.
La Caisse des Dépôts et Consignation complète le financement

A noter que la ville étant actionnaire, elle peut recevoir des dividendes.

Pour la partie distribution, c’est à dire création/exploitation du réseau de chaleur, il s’agit d’une délégation de service public (DSP) de type concession. Cette DSP est assurée par ENGIE, via une société dédiée qui s’appelle Rueil Energie. Rueil Energie se rémunère sur la vente aux abonnées et verse une redevance à la ville (un % du chiffre d’affaire).

Le prix de vente de la partie production à la partie distribution est fixée en €/MWh par une convention tripartite (Ville de Rueil-Malmaison / GéoRueil / Rueil Energie).

Bilan

pour la ville : le cout est minime.
pour les habitants de Rueil : un MWh compétitif autour de 70 à 80€.

Notons aussi que Rueil-Malmaison s’est lancé sur ce projet de géothermie en 2019 (et terminé fin 2022) c’est à dire avant notre contexte qui a vu le prix de l’énergie exploser.

Question à la majorité

A Saint-Cloud, il est coutumier de se plaindre des propriétés géologiques de notre sol. Et bien, pour une fois qu’il y a un bénéfice potentiel à en tirer : étudions la question !

Nous souhaitons que Saint-Cloud avance sur la question dès 2023 :

par exemple via une étude de potentialité
ou, si c’est déjà fait et si les résultats sont concluant, communiquer dessus et lancer un programme d’investissement.

Ma question à la majorité municipale est donc la suivante : quelle est votre volonté et votre action pour le développement de la géothermie à Saint-Cloud ?

Réponse de la majorité municipale

La majorité municipale a fait une disgression sur la géothermie de surface. Ce qui n’est pas le coeur du sujet puisque dans le cas présent puisque la question est plutôt sur la transposition du projet rueillois à Saint-Cloud ; c’est à dire sur la géothermie profonde. A noter toutefois que la résidence de La Bérengère (Val d’or) pourrait être concernée par de la géothermie de surface.

Côté géothermie profonde, la majorité municipale reconnaît ne pas être active sur le sujet car elle ne souhaite pas mobiliser du foncier pour cela.

ANNEXE : détails sur le fonctionnement

Côté production, le système fonctionne avec 2 centrales.

Une centrale à géothermie dont l’objectif est d’utiliser la chaleur naturelle du sous-sol à -1500m, qui se situe autour de 60°C. Ensuite, des pompes à chaleur, permettent d’amener l’eau à une température de 80°C. L’eau qui sort de la centrale à géothermie rentre ensuite dans une centrale à gaz.

La centrale à gaz assure 2 fonctions.

Elle permet de faire l’appoint en chauffant encore davantage l’eau ; notamment l’hiver.
Chauffer intégralement l’eau lorsque la centrale à géothermie est en maintenance. La centrale à gaz est donc dimensionnée pour être autonome.

Note: Les pertes thermiques sont faibles. Pour donner un ordre de grandeur, en traversant d’un bout à l’autre le réseau de chaleur, la température de l’eau baisse de 1°C à 2°C.